• L'Afrique du Sud vue par des lycéens de Saint-Denis

    Education is the most powerful weapon which you can use to change the world Nelson Mandela

    Du 19 Avril au  30 avril 2009 des élèves de 1es2 du Lycée Paul Eluard de Saint Denis (93), sont allés en Afrique du Sud à la rencontre de nombreuses personnes, associations, ONG et institutions afin de comprendre et restituer dans des reportages quotidiens la nouvelle société sud africaine post Apartheid un an avant la Coupe du Monde de Football organisée pour la première fois dans un pays africain. Le fil conducteur de ces reportages est la condition des femmes dans ce pays dynamique et émergeant considéré comme le géant économique d'Afrique et récent membre du G20 mais où les problèmes sociaux sont énormes, les cicatrices pas encore refermées, l'inégalité croissante, la violence  et le SIDA omniprésents.

    Au programme :

    - Rencontre avec l'Ambassadeur de France à Pretoria.

    - La situation des gays et lesbiennes.

    - "Rape Survivors" : le problème du viol des femmes.

    - Micro trottoir dans un bureau de vote de la banlieue de Johannesburg en ce jour d'élections générales.

    - Action Aid : aider les plus pauvres.

    - Un lycée ghetto de Soweto et le slam d'une lycéenne violée.

    - Etats d'âme d'un Afrikaaner après les élections.

    - Un orphelinat de Johannesburg.

    - L'Apartheid au musée?

    - Townships interdits d'entrée à Joburg en ce jour... coup de gueule...

    - Robben Island : la prison de Mandela ou le tourisme politique.

    - Des femmes de ménage militantes au Cap.

    - Des business women organisées au Cap.

    - La Fondation De Klerk pour les droits constitutionnels : rencontre avec son Président.

    - Un lycée de filles chic du Cap.

    - Des grands-mères contre la pauvreté et le SIDA dans un bidonville du Cap.

    L'Afrique du Sud vue par des lycéens de Saint-Denis

    photos : Nicolas Urlacher

    L'Afrique du Sud vue par des lycéens de Saint-Denis

    photos : Lucile bajot Richard et Joanne Antoine

    L'Afrique du Sud vue par des lycéens de Saint-Denis

    photos : Nicolas Urlacher


    1 commentaire
  • Il n'y a pas d'âge pour agir!Banlieue du Cap. Au bord de l’autoroute, une interminable étendue de misère : le bidonville de Kayelitsha. Cahutes en rangs serrés, amas de taules et de planches, forêt de fils électriques. Ce matin, les journaux montrent des images de rues en feu et parlent d’émeutes dans ce quartier : des habitants qui réclament l’accès aux services essentiels : eau courante, assainissement, etc.

    Au milieu de ce chaos, un havre de paix, une maison, un jardin, des enfants qui  jouent, une assiette a la main. A l’intérieur nous attendent, assises en cercle, une trentaine de grand-mères, membres de GAPA, Grand-mothers Against Poverty and AIDS.

    Une femme se lève, elle s’exprime en anglais, qui n’est pas sa langue maternelle. Nous peinons à saisir tous ses mots, mais la force de son témoignage et de sa voix suffit à nous faire comprendre sa douleur, son courage et son histoire. Depuis la mort de sa fille en 1998, c’est elle qui élève ses petits-enfants. Suite à un projet de recherche de l’Université de Cape Town, elle a fondé avec d’autres femmes qui connaissent la même situation l’association GAPA. Si elle n’a perdu qu’une fille, elle nous précise que certaines femmes dans l’assemblée ont perdu plusieurs de leurs enfants, en grande partie à cause du SIDA. Au sein de GAPA, ces femmes viennent en aide aux enfants livrés à eux-mêmes en leur préparant des repas, en leur donnant différents cours après l’école pour les aider à ne pas tomber dans la violence et la délinquance.

    Habitant dans différents endroits de cet immense bidonville, elles se retrouvent toutes ensemble une fois par mois, et régulièrement  dans les maisons des unes et des autres dans leur quartier.

    Toutes ces femmes ont su se relever de leurs blessures et aujourd’hui elles s’entraident afin de ne pas perdre pied, et faire front ensemble aux obstacles qui peuvent se dresser contre elles.

    A peine les premières présentations chaleureuses terminées, l’une d’elles entonne un chant, que toutes reprennent immédiatement, et la pièce se remplit d’une polyphonie bouleversante. Elles se lèvent les unes après les autres pour rejoindre le cercle, et tourner, rythmant leur chant d’un balancement du corps. A plusieurs reprises durant notre rencontre, cette scène s’est reproduite et nous nous y sommes d’ailleurs joints (voir les deux videos en fin d'article après les photos).  Du courage, de la musique, de l’énergie face à la vie et aux épreuves : voilà ce qu’exprimait cette danse ; nous avons compris alors que cette communion chorale était une réponse à leur douleur, un moyen d’y survivre. 

     Nous avons été très émus par l’accueil qu’elles nous ont réservé. Elles nous ont prouvé que toutes les peines ne sont pas insurmontables si on a l’espoir qui nous fait vivre et avancer. Elles ont réussi à nous transmettre leur joie de vivre et leur force.

    Cette dernière rencontre avant notre retour en France clôture très bien nos deux semaines passées ici ; on garde de l’Afrique du Sud l’image d’un pays d’une grande force et qui, malgré ses  nombreux problèmes, a foi en l’avenir comme l’illustrent la lutte et la solidarité de ces femmes.

    Aminata, Khady, Tomima
    Photos : Joanne

    Il n'y a pas d'âge pour agir!

    Il n'y a pas d'âge pour agir!

     

    Il n'y a pas d'âge pour agir!

     


    votre commentaire
  • Lycée de filles Rustenburg de Cape TownNous avons rendez-vous au Lycée Rustenburg de Cape Town à 8h qui se trouve dans le quartier chic de Rodenbosh et on se perd un peu pour y arriver. Nous passons devant de nombreuses maisons cossues entourées de pelouses bien vertes et entretenues à l’anglaise et devant un lycée de garçons. Nous sommes ralentis par les nombreuses voitures de parents qui emmènent par ce moyen leurs enfants à l’école. Quand nous arrivons au lycée nous sommes frappés par la différence existant avec le lycée de Soweto visité la semaine précédente. Le bâtiment est ancien et beau, l’ambiance complètement différente. On pourrait se croire au Lycée Molière à Paris, les terrains de rugby et de tennis en plus. Avant 1994 et la fin de l’Apartheid ce lycée de filles n’accueillait que les enfants blancs, mais maintenant il est multiracial. Il accueille des élèves sélectionnés sur dossier qui n’habitent pas forcément le quartier (plutôt blanc) et dont les parents sont capables de payer les frais d’inscription (certaines bénéficient de bourses) qui sont de 18 000R (soit environ 1800€) par an. Contrairement à l’école que nous avions visitée à Soweto, celle-ci est bien mieux équipée et entretenue et finance plus facilement ses besoins. En effet il s’agit d’un lycée public mais qui fait largement appel à des financements privés, ce qui fait sa valeur ajoutée et lui permet d’offrir des conditions d’enseignement bien meilleures. Le lycée de Soweto avait bien du mal, lui, avec ce système, de trouver des financements supplémentaires.

    Ce qui nous a frappés également d’emblée c’est le côté « british » de ce lycée et de son fonctionnement : les uniformes bien sûr mais aussi le rythme de la journée qui se termine à 15h et laisse une place importante au sport (rugby, cricket, hockey sur gazon etc). On a aussi constaté qu’il y avait un système de « délégués » élèves chargés du bon fonctionnement de l’école avec la directrice (l’organisation des fêtes, la discipline…), et pour les différencier du reste des élèves, elles doivent porter des écharpes blanches en plus de leur uniforme. Les règles ont l’air assez strictes et tout le monde semble les respecter à la lettre. Pas de chahut dans les couloirs et dans les classes et les « Yes Madam ! » et les « Thank you Madam ! » qui fusent dès que le professeur leur adresse la parole nous confortent dans cette impression.

    Mais on doit bien avouer qu’en allant dans ce lycée de ce quartier on s’attendait à ne voir pratiquement que des blancs, l’exact opposé du lycée de Soweto en quelque sorte. Or, force est de constater que ce n’est pas du tout le cas. Certes, beaucoup de têtes blondes et de descendants d’Afrikaaners ou d’Anglais mais on a quand même pu constater dans les classes où on a été accueillis un mélange de toutes les origines : anglaises, indiennes, indonésiennes, congolaises, canadiennes, chinoises, coréennes etc et selon la professeure de français pratiquement la moitié des élèves seraient musulmanes (surtout Indiennes). Les noirs d’Afrique du Sud sont aussi représentés, à hauteur d’environ 15 ou 20 % à vue d’oeil. Il s’agit essentiellement de Xhosas (l’ethnie de l’ancien président Mbeki majoritaire dans la province du Cap) dont la langue est enseignée dans le lycée.

    Dans les quartiers chics de Cape Town il existe des lycée privés où il est difficile de trouver des noirs mais ce n’est pas le cas du Lycée Rustenburg qui a réussi à conserver son excellence et ses privilèges de classe tout en s’ouvrant à la réalité de la nouvelle Afrique du Sud multi ethnique.

    Anthony, Cecilia, Fatou et Raïsha
    Photos : Cecilia

    Lycée de filles Rustenburg de Cape Town

    Lycée de filles Rustenburg de Cape TownLycée de filles Rustenburg de Cape Town

    votre commentaire
  • Fondation Frederick De KlerkLa Fondation De Klerk a été créée il y a environ 10 ans pour, principalement, « promouvoir la constitution », surveiller son application et sa possible évolution.

    Nous avons rencontré Mr Dave Steward,  un proche de Mr De Klerk qui est actuellement le Président de la Fondation. Mr Steward a été ambassadeur de l’Afrique du Sud à l’ONU à la fin des années 80. Ensuite il est devenu chef de cabinet Mr De Klerk lorsqu’il était Président de la République. A ce titre il a été le témoin des premières discussions entre l’ANC et le gouvernement. Il fut un des hommes ayant participé au démantèlement de l’Apartheid.

    Lors de cet entretien, il nous a dressé un portrait de l’Afrique du Sud en 2009. Pour cela il a dessiné pour nous un schéma très pertinent et limpide de la structure ethnique et sociale de l’Afrique du Sud.

    En bas de la société,  un groupe d’environ 13 millions de personnes. Ce sont les personnes qui habitent des zones rurales, et dont le mode de vie reste encore traditionnel (Zoulous, Xhosas, Indebeles, Suthus, etc.). Ensuite, il y a des personnes qui vivent dans des townships (bidonvilles), au nombre de 5 millions. Cette classe de personnes se compose de noirs pauvres ainsi que de coloured (métis). Pour ces deux groupes, la vie quotidienne est une lutte pour survivre. Autre groupe, des populations qui sont dans les villes depuis des générations, et qui occupent des emplois non qualifiés, obtenant des revenus modestes. Dans cette catégorie se trouvent depuis peu des blancs, déclassés depuis la fin de l’Apartheid. On y trouve également des coloured et un nombre important mais difficilement quantifiable d’immigrés africains. Il existe une classe moyenne de taille équivalente (12 millions), composée de noirs, d’Indiens, de métis, et de blancs. En haut de la pyramide, une élite mondialisée, majoritairement blanche (mais plus uniquement), dont une partie quitte l’Afrique du Sud ces dernières années, en quête d’un avenir plus sûr en Grande Bretagne, en Australie, Nouvelle Zélande, au Canada, etc.

    Mr Steward nous a confirmé ce qui saute aux yeux en visitant ce pays, à savoir que l’Afrique du Sud est une société où il y a un grand écart entre les plus riches et les plus pauvres. Ainsi, les 10% les plus riches gagnent 36 fois plus que les 10% les plus pauvres.

    Cependant, le ton du discours de Mr Steward est largement optimiste quant à la situation actuelle et à l’avenir du pays. Il le justifie très naturellement en expliquant que pour avoir traversé des périodes plus troublées, où « l’avenir semblait impossible », l’Afrique du Sud est en pleine effervescence, au bord de l’anarchie parfois, mais dans cet état propice à la création et à l’entreprise.

    Cet optimisme est aussi politique ; par exemple, si Nelson Mandela mourait aujourd’hui cela n’aurait, selon Mr Steward, aucune conséquence sur le pouvoir politique en raison de la solidité des institutions démocratiques et de l’excellente qualité de la constitution (et de la vigilance de la Fondation De Klerk ?).

    Photos : Hawa
    Texte : Aminata, Joanne, Alvin et Hawa

    Fondation Frederick De Klerk

    Fondation Frederick De Klerk

    votre commentaire
  • Business women in SABusiness Women Association (BWA) est une association qui lutte pour mettre en avant le travail des femmes. Elles ont mis en place de nombreux dispositifs tels que la récompense pour la meilleure  «business woman de l’année », des événements, des soirées (BWA évents), des « speed dating » exclusivement réservés à leur business sont organisés et certaines d’entre elles parrainent de jeunes filles ambitieuses voulant devenir de futures femmes d’affaires. On retrouve notamment le 23 mai, une journée durant laquelle certaines femmes d’affaires accueillent au sein de leur entreprise des jeunes intéressées par le projet principal de cette association. Ces femmes ont créé cette association parce qu’elles pensent que c’est difficile d’être une femme d’affaire en Afrique Du Sud.

    Ferose Oaten la vice-présidente de l’association AVTS (roadworthy stations), nous a présente un diaporama détaillant ce qu’elles font au sein de l’entreprise.

    En Afrique Du Sud le taux de femmes chefs d’entreprises est élevé à la différence d’autres pays tel que les Etats-Unis, l’Australie, et le Canada. De plus, en Afrique Du Sud en novembre 2008, 50% des femmes faisaient partie du gouvernement. Malgré tout il subsiste encore des risques pour les femmes d’être en entreprise. Elles ont peur de l’échec, des nombreux refus de crédits par les banques, de nombreuses critiques sur leur travail, le fait de vivre dans un milieu majoritairement masculin, la responsabilité familiale est aussi un facteur culturel qui entre en jeu dans la vie active des ces femmes. Pour faire face à ces problèmes, il y a eu récemment la création d’une institution gérée par des femmes pour faciliter les choses et mettre en avant des modèles de femmes qui réussissent.

    Malgré la crise économique internationale les Sud Africains des milieux d’affaires sont très optimistes quant à l’avenir économique de leur pays. A plusieurs reprises nous avons pu entendre parler des convictions optimistes quant à l’avenir : croissance économique, « a lot of business oportunities ». Ils nous ont renvoyé l’image d’un pays dynamique « vibrant » qui va de l’avant.

    Durant l’entretien un jeune homme métis de 23 ans issu d’un milieu rural très modeste, « un peu éloigné de la civilisation » selon ses propres mots est venu nous parler de son parcours professionnel. Il a décidé à 17 ans de quitter son « township » contre le gré de ses parents pour aller étudier à l’université du Cap. Son action a inspiré d’autres jeunes de son quartier.

    Cette rencontre nous a montré une vision avantageuse des femmes en Afrique Du Sud face à celle que nous avions vue auparavant.

    Anissa, Jessica, Lucile, Prescilia & Sahra
    Photos : Lucile


    Business women in SABusiness women in SABusiness women in SA


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires