• Le jour des élections, ce 22 avril, nous étions invités par Thulani, danseur que nous avions rencontré lors de son passage à Saint-Denis, dans le township de Thembisa. Le chauffeur (blanc, Afrikaaner) nous a immédiatemment dit qu’il n’était pas autorisé à entrer dans un tel quartier en ce jour particulier. Les raisons invoquées : le danger de débordements dans ce quartier noir et pauvre. Le gérant de l’auberge de jeunesse (blanc, Afrikaaner) nous a tenu le même discours. Thulani, lui, une fois informé, s’est montré scandalisé : « this is not South Africa ! » (il a par la suite demandé les coordonnées de l’entreprise pour se plaindre formellement de cette décision). Nous sommes bien forcés de constater que c’est bien « South Africa » : des barrières mentales, de la méfiance, et une peur d’une violence réelle, bien que pas constatée ce jour-là. La comédie musicale que Thulani nous avait preparée avec ses élèves nous laisse d’énormes regrets.

    Les professeurs.

    Frustration











    Gert, qui nous a conduits lors de nos trois premiers jours dans Johannesbourg.


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  • Elections 2009 : Zuma or Zuma?Aujourd’hui, ce 22 avril, a eu lieu la quatrième  élection générale en Afrique du Sud depuis l’Apartheid. Un grand jour pour tous les Sud-Africains qui a même été déclaré jour  férié. Cette troisième élection consiste notamment à élire les députés qui eux-mêmes vont élire le futur président.

    Attirés par une file d’attente immense devant les bureaux  de vote, notre curiosité nous a incités à parler aux gens présents dans le but d’en savoir plus sur ces élections. Ces gens attendaient patiemment et dignement dans une ambiance  calme et sereine.

     La plupart des personnes que nous avons interviewées étaient réticentes  face à ce sujet. Une seule d’entre elles a répondu a nos questions ouvertement, Madame Mutlantsi . Elle déclare que bien que de nombreuses personnes refusent de révéler leurs votes (locaux  et nationaux), Jacob Zuma (leader de l’ANC) sera le successeur de Tabo Mbeki (président récemment évincé appartenant lui-même à ce parti).

    Les raisons que ces Sud-Africains avancent pour justifier ce choix sont :

    - la provenance de Jacob Zuma qui est un homme du peuple (ancien berger) et qui est un Zulu contrairement à Mbeki qui était Xhosa.

    - il représente la démocratie et la liberté.

    - c’est le successeur choisi par Nelson Mandela (d’après Madame Mutlantsi).

    Les femmes interrogées le qualifiaient de «Jésus», d’ «Obama» ou encore de «héros». Les partisans de Zuma ont déclaré  que toutes les accusations contre lui étaient tout simplement une invention de Mbeki pour lui restreindre l’accès au pouvoir.  Difficile pour nous de juger ces faits et de comprendre l’attitude des électeurs ; peut-être les gens veulent-ils oublier le passé, dont les actes répréhensibles de Jacob Zuma. Toujours est-il qu’entendre ces femmes aduler ce personnage fortement controversé (acquitté d’un procès pour viol) nous a laissés perplexes.

    Petit détail surprenant et anecdotique pour nous : après avoir voté les gens sont marqués au feutre noir indélébile  sur leur pouce  gauche.

    Hawa , Aminata , Raisha, Joanne.
    Photos : Martin Cayrel


    Elections 2009 : Zuma or Zuma?
    Elections 2009 : Zuma or Zuma?
    Elections 2009 : Zuma or Zuma?


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  •  Photos de Lucile (sauf la dernière : Nicolas urlacher) 

    Impressions de SowetoImpressions de SowetoImpressions de SowetoImpressions de SowetoImpressions de SowetoImpressions de SowetoImpressions de Soweto


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  • Action Aid, défendre les plus pauvresActionaid est une organisation internationale qui oeuvre dans 50 pays dont 5 provinces d’Afrique du Sud. Très mobilisés actuellement sur une campagne contre la faim (Hunger Free World), ils défendent les droits des populations les plus vulnérables, en particulier les femmes, les habitants des zones rurales, et les plus pauvres.

    Une de leurs campagnes actuelles  consiste à apporter l’aide nécessaire à des familles déplacées par des multinationales, lesquelles cherchent à exploiter une ressource naturelle dont l’Afrique du Sud détient 80% des réserves mondiales, le platinium (minerai utilisé souvent pour la fabrication des téléphones, des batteries,…..). Cela implique des expropriations rapides, injustes, s’appuyant sur la pauvreté et la vulnerabilité des habitants, souvent analphabètes, et n’ayant aucun recours…Etant donné  que certains membres du gouvernement sont actionnaires de ces compagnies minières, c’est normal que le gouvernement n’apporte pas l’aide nécessaire à ces familles. On comprend aussi que vu la misère dans laquelle vivent  ces gens, il suffit qu’on leur donne un peu d’argent et un soit disant nouveau toit pour qu’elles quittent le lieu où elles ont vécu durant des années et intègrent ces nouvelles maisons construites dans des conditions précaires d’où l’arnaque.

    En dehors des zones minières, d’autres personnes vulnérables habitent à l’extérieur des villes : nous avons été surpris d’entendre la directrice d’Action Aid dire qu’il n’y a pas beaucoup de pauvres à Soweto : pour trouver les plus pauvres, selon elle,  il faudrait  aller dans la campagne (à 5heures de Johannesburg).

    Justement, le candidat de l’ANC et futur président, vient de milieu rural ; il a dans sa jeunesse gardé les vaches (c’est à Robben Island où il a été emprisonné 10 ans qu’il a acquis une formation politique et intellectuelle.  Même si la directrice d’Action Aid est plutôt pessimiste et pense que les candidats disent toujours ce que le peuple a envie d’entendre d’où  les promesses rarement tenues, elle pense quand même que si JACOB ZUMA est élu, il se pourrait qu’il change les choses vu qu’il est issu du même milieu (la pauvreté) et qu’il se sent plutôt concerné par la misère dans laquelle vivent les habitants des zones rurales.

    Donc leur travail consiste à aller dans les zones les plus démunies où l’information des droits des personnes (pourtant largement garantis par la Constitution) n’est pas une priorité et les aider à comprendre que leur situation peut changer. Autre exemple : ils viennent en aide aux femmes qui travaillent dans l’agriculture (women farmer) en leur apprenant à gérer leur argent de façon à devenir autonomes et garantir leur indépendance  économique (éviter que leurs maris – qui ne travaillent pas - ne dépensent le revenu qu’elles tirent de la terre).

    Pour conclure, il nous a semblé que les femmes sont une cible privilégiée du travail d’Action Aid : premières victimes de la pauvreté, de leur environnement social, et vecteur de transformation.

    Anthony, Cecilia, Fatou et Raïsha

    Photos : Cecilia

    Action Aid, défendre les plus pauvres


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  • Un lycée de SowetoPour notre dernier jour à Soweto, nous nous sommes rendus dans un lycée typique des townships  de Johannesburg : Nghunghunyani. Ce lycée d’apparence extérieure délabrée s’est révélé être un lieu très enrichissant.

    Dès notre arrivée nous avons été accueillis très chaleureusement par la directrice de cet établissement qui nous a présentés aux élèves choisis pour nous guider lors de cette matinée.
    Etant les premiers étrangers à  visiter ce lycée, nous avons pu ressentir la joie et la fierté que dégageaient ces élèves à nous faire découvrir leur « High school ».

    Nous avons été répartis par petits groupes franco- sud africains. La pauvreté (ambiante) se voyait à travers le manque de fournitures scolaires, quelques fenêtres brisées et des moyens insuffisants (tables, chaises…) pour le nombre d’élèves présents. Le plus choquant reste néanmoins  le fait d’avoir vu dans la cour un rat mort et d’avoir appris par la suite qu’il y avait des invasions  de rats et des dégradations et des vols  commis par des « tsotsis » (voyous).

    A travers ces rencontres nous avons appris de nombreuses choses sur la vie de ces élèves issus de familles déstructurées, beaucoup ayant perdu un de leurs parents, voire les deux. Malgré tous leurs problèmes sociaux, ils respirent la joie de vivre et vont de l’avant, ce qui pour nous est une preuve de courage.

    Les élèves en question nous ont fait l’honneur de chanter pour nous des magnifiques gospels à plusieurs voix, improvisés car ce n’est pas la chorale du lycée (voir video en bas d'article), puis de déclamer spontanément deux  poèmes proches du slam dont un fait par Mapula qui à travers ce champs poétique nous a fait part de son viol, commis par son beau père sur elle et ses sœurs en février dernier.

    pour les sous-titre en anglais cliquez sur "menu" en dessous de la video avant de la lancer puis sur "sous-titres"

     

    Ce témoignage a eu un impact très fort sur nous car nous n’avions jamais entendu une personne s’exprimer avec une telle facilité sur un sujet  aussi personnel  et aussi grave.

    Nous avons également observé que les cours d’histoire portaient principalement sur l’histoire du pays, et particulièrement sur l’Apartheid ; c’est un moment important où la jeune nation sud africaine se construit sur un passé récent et douloureux. D’ailleurs, afin de ne pas oublier,  à partir du 16 juin une semaine de vacances  a été aménagée. En revanche certains sud-africains semblent  vouloir mettre de côté cette histoire récente pour avancer.

    Ce fut réellement  expérience très forte, nous nous sentions en sécurité étant dans un contexte scolaire mais on pouvait imaginer pourquoi les filles ont autant de problèmes avec l’attitude des garçons qui pouvait rapidement déraper.

    Lucile, Prescilia, Jessica, Anissa et Sahra
    Photos : Lucile

    Un lycée de Soweto

    Un lycée de Soweto

    Un lycée de Soweto

    Un lycée de Soweto

     


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